Là haut, parmi les cimes bleutées,
l'air que chantonne un vieux berger
s'envole gaiement et s'en va se perdre
par delà les montagnes de pierres.
Le jour s'affaiblit et la nuit tombe,
le vieux bonhomme, de fatigue, sombre
et s'endort pieusement tout en ronflant.
Dans l'air glacé de la matinée,
il se réveille et se met à tousser
car ce matin, la neige est venue.
Du haut des alpages, elle est descendue,
se posant doucement, sans un souffle de vent,
recouvrant de son blanc manteau, bien des dos.
Heureusement, les moutons sont à l'abri.
Demain, il faudra descendre, le coeur aigri,
tout en bas, là bas, dans la vallée,
encore chaude et ensoleillée.
Chemin faisant, avec ses moutons,
le bâton serré entre les mains,
le vieux berger se prend à pleurer.
Car tout à l'heure, peut être dans une heure,
il devra affronter les êtres d'en bas.
A part ses moutons, d'amis, il n'en a pas.
Sans doute contraint par la nature,
c'est d'un pas trébuchant,
sûrement hésitant,
qu'il s'en vient se donner en pâture
à la société...